Le rapport examine trois catégories d'actifs financiers - les titres, les assurances/retraites et les dépôts - et 57 marchés, des pays les plus riches comme la Suisse et les États-Unis aux économies émergentes comme le Pakistan et l'Indonésie. Dans cette optique, les actifs et les marchés affichent des performances différentes, mais la tendance générale à la baisse est bien là.
Le calme avant une nouvelle tempête ?
La bonne nouvelle, c'est qu'en termes nominaux, les actifs financiers des ménages dans le monde dépassaient de près de 19% les niveaux antérieurs à la crise du COVID-19 à la fin de l'année dernière. Toutefois, si l'on tient compte de l'inflation, près des deux tiers de cette augmentation disparaissent, ramenant le résultat à un maigre 6,6% sur trois ans. Alors que la plupart des régions peuvent au moins maintenir une certaine croissance de la richesse réelle, la situation en Europe occidentale est différente : tous les gains nominaux ont été effacés et la richesse réelle est en baisse de 2,6% en 2019.
"Depuis de nombreuses années, les épargnants se plaignent des taux d'intérêt nuls", a déclaré Ludovic Subran, économiste en chef chez Allianz. "Mais le véritable ennemi des épargnants est l'inflation, et pas seulement son pic pendant le QE19. À l'échelle mondiale, les trois quarts de la croissance nominale des actifs financiers au cours des 20 dernières années ont été absorbés par l'inflation.
Cela souligne la nécessité d'une épargne prudente et d'une bonne éducation financière. L'inflation est une bête difficile à vaincre. En l'absence d'incitations et de subventions pour l'épargne à long terme, la plupart des épargnants risquent de rencontrer des difficultés".
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Les actifs financiers mondiaux devraient renouer avec la croissance en 2022, après le ralentissement de l'année en cours, et jusqu'à présent, les perspectives positives proviennent principalement des marchés d'actions. Dans l'ensemble, Allianz s'attend à ce que les actifs financiers mondiaux augmentent d'environ 6%, compte tenu de la poursuite de la "normalisation" des comportements d'épargne.
"Les perspectives à moyen terme sont assez mitigées", a déclaré Patricia Pelayo Romero, co-auteur du rapport. "Il n'y a pas de bonnes perspectives monétaires et économiques. Au cours des trois prochaines années, la croissance moyenne des actifs financiers devrait se situer entre 4% et 5%, avec une hypothèse de rendement moyen pour les marchés boursiers.
Mais à l'instar des conditions météorologiques, qui deviennent de plus en plus extrêmes en raison du changement climatique, il faut s'attendre à une plus grande volatilité des marchés dans le nouveau paysage géopolitique et économique. Les années 'normales' pourraient bientôt devenir l'exception".
Hausse des taux, hausse de la dette
Le retournement des taux d'intérêt a également été clairement ressenti au niveau du passif du bilan des ménages privés. Alors que la dette privée mondiale avait augmenté de +7,8% en 2021, la croissance s'est considérablement ralentie l'année dernière pour s'établir à +5,7%. C'est en Chine que la chute a été la plus forte : la croissance de la dette de +5,4% l'année dernière était non seulement bien inférieure à celle de 2021 (+13,9%), mais aussi le taux le plus bas jamais enregistré.
Au total, les engagements des ménages dans le monde s'élèvent à 55,8 billions d'euros à la fin de 2022. Dans le même temps, l'écart entre la dette et la croissance économique s'est creusé pour atteindre 3,9 points de pourcentage en 2022. En conséquence, le ratio mondial dette/PIB (passif en pourcentage du PIB) a diminué de manière significative de plus de 2pps pour atteindre 66,1%.
Cela signifie que le taux d'endettement global des ménages privés est revenu à peu près au même niveau qu'au début du millénaire - un niveau de stabilité remarquable qui ne correspond guère à l'image répandue d'un monde croulant sous les dettes.
La diminution des actifs et l'augmentation des passifs signifient que les actifs financiers nets mondiaux (actifs financiers moins passifs) ont chuté de manière significative en 2022 de -5,1%, la pire performance depuis le GFC (-11,8%). Au total, les actifs financiers nets mondiaux s'élèvent à un peu moins de 177 billions d'euros à la fin de 2022, soit une baisse de 9,6 billions d'euros par rapport à l'année précédente.
Toutefois, les régions avancées telles que l'Amérique du Nord et l'Europe occidentale ont enregistré les plus fortes baisses. Dans d'autres régions, notamment en Asie et en Europe de l'Est, les actifs ont continué à croître plus rapidement que la dette en 2022, ce qui s'est traduit par une forte augmentation des actifs financiers nets.
