Certains facteurs contribuent à changer la perception. Par exemple, la pression internationale exercée sur les économies de la région dépendantes des hydrocarbures, l'adoption par le secteur financier de diverses obligations vertes ou d'autres fonds d'investissement socialement responsables, ou encore les gouvernements qui ont fixé les objectifs à long terme et les objectifs "net zéro" auxquels les entreprises doivent se conformer. Selon l'enquête 2022 de Lombard Odier, 81% des HNWI du Moyen-Orient pensaient aux questions ESG lorsqu'ils étudiaient des investissements potentiels.
Engagement en faveur de l'énergie verte
Lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique de 2022, qui se tiendra en novembre 2022 à Sharm El Sheikh, en Égypte (appelée COP27), des engagements financiers substantiels de la part de l'Initiative verte pour le Moyen-Orient ou du Groupe de coordination arabe ont été manifestés. Cela signifie des milliards de dollars de financement pour une transition énergétique en ligne avec les investissements à long terme du Net Zero. Dans le même temps, les États du Golfe, dont les économies dépendent historiquement des hydrocarbures, ont fait remarquer que la transition devait être réaliste en reconnaissant la nécessité de fournir une énergie abordable à d'autres économies mondiales. Ils doivent également tenir compte de la nécessité d'assurer la sécurité énergétique mondiale.
L'exemple de l'Arabie Saoudite
L'Arabie saoudite est l'un des pays du Moyen-Orient les plus avancés dans le domaine des investissements ESG. Conformément à l'objectif de Saudi Aramco de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2050, l'entreprise a lancé un fonds de développement durable de 1,5 milliard USD en octobre 2022. Étant donné que cette société de pétrole et de gaz naturel, qui appartient essentiellement à l'État, est la deuxième au monde en termes de chiffre d'affaires, ses objectifs sont ambitieux. Le fonds vise à investir dans des technologies qui réduiront considérablement les émissions de gaz à effet de serre dans l'ensemble de ses actifs, en complétant les solutions existantes et celles qui sont en cours de développement.
D'autres projets sont à l'étude en Arabie saoudite. La plus grande centrale solaire du monde sur un seul site sera construite en Arabie saoudite, à Al Shuaibah, dans la province de La Mecque. Elle devrait entrer en service d'ici à la fin de 2025, avec une capacité de production de 2 060 MW. Les investissements dans les projets d'énergie propre devraient augmenter, soutenus par les prix élevés du pétrole en 2023-24, car l'Arabie saoudite cherche à ajouter 15 GW de capacité d'énergie renouvelable en 2022-23, soutenant les objectifs climatiques du gouvernement et la stratégie de diversification économique.
Le premier parc éolien du Royaume se trouve à Dumat Al-Jandal et est entré en service en août 2022. C'est le plus grand du Moyen-Orient, avec une capacité de 400 MW, et il fournit de l'électricité à 70 000 foyers. Le royaume prévoit également de construire un parc éolien offshore flottant de 500 mégawatts dans le Golfe, qui devrait être achevé en 2027.
Centrales éoliennes et solaires
Les Émirats Arabes Unis, quant à eux, sont l'un des pays leaders dans ce domaine, dans le cadre de la stratégie énergétique 2050 du pays, qui vise à augmenter sa part d'énergie propre dans le mix énergétique à 50%. Elle a construit la première éolienne destinée à produire de l'électricité sur l'île de Sir Bani Yas, située à 250 kilomètres au sud-ouest d'Abu Dhabi. L'installation a une capacité de production de 850 kW d'énergie par heure. Le parc solaire Mohammed bin Rashid Al Maktoum à Dubaï est l'un des plus grands projets d'énergie solaire au monde. Il vise une capacité totale de 5 000 MW d'ici 2030. Un autre projet, la centrale solaire Shams 1, est une centrale solaire à concentration de 100 MW, l'un des plus grands projets de ce type au monde. Un projet de développement urbain durable axé sur les énergies renouvelables et les technologies propres a été construit à Masdar City, à Abu Dhabi.
Oman dispose également d'un grand potentiel en matière d'énergie éolienne, avec des vents forts le long de sa longue côte, qui s'étend sur plus de 2 000 kilomètres. Le sultanat possède un parc éolien de 50 MW dans la région de Dhofar et prévoit de construire d'autres parcs éoliens dans tout le pays.
Quant à l'Égypte, elle vise à atteindre une capacité de production d'électricité de 42% d'énergies renouvelables d'ici 2035, dont 14% d'électricité d'origine éolienne. La Banque mondiale a estimé le potentiel éolien offshore dans la zone économique du canal de Suez à environ 166 GW.
Les entreprises du Moyen-Orient répondent avec de plus en plus d'intérêt aux nouvelles demandes de changement de mentalité et d'action plus forte sur les questions climatiques. Elles font preuve d'une plus grande transparence sur la manière dont leurs activités affectent l'environnement en publiant davantage d'informations. Par ailleurs, les investisseurs du Moyen-Orient sont de plus en plus conscients des risques et des opportunités potentiels associés aux facteurs ESG. Ce changement d'état d'esprit s'explique par la prise de conscience croissante du changement climatique mondial, des inégalités sociales et des questions de gouvernance d'entreprise.