La grande transition modifie la dynamique du secteur bancaire, les revenus et les bénéfices étant transférés vers des modèles d'entreprise moins gourmands en capital. Ces deux faits sont également soulignés dans le McKinsey's Global Annual Banking Review 2023 (en anglais).
La grande transition change la donne
La dynamique future de la Grande Transition est cruciale pour le secteur bancaire dans son ensemble. Les preuves de l'effet profond de la transition sur le secteur sont nombreuses à ce jour. Par exemple, entre 2015 et 2022, plus de 70% de l'augmentation nette des fonds financiers se sont retrouvés hors des bilans bancaires, détenus par des fonds d'assurance et de pension, des fonds souverains et des fonds de pension publics, des capitaux privés et d'autres investissements alternatifs, ainsi que par des investisseurs particuliers et institutionnels.
La sortie du bilan est un phénomène mondial. Aux États-Unis, 75% de l'augmentation nette des fonds financiers ont fini hors des bilans bancaires, alors que le chiffre en Europe est d'environ 55%. Les bilans et les transactions ont de plus en plus quitté les banques traditionnelles au profit d'institutions non traditionnelles et de parties du marché qui sont peu capitalistiques et souvent réglementées différemment. Par exemple, ils sont passés à des spécialistes des paiements numériques et à des marchés privés, y compris des sociétés de gestion d'actifs alternatifs.
Différences géographiques
McKinsey observe que la divergence géographique constatée les années précédentes continue de s'accentuer. "Les banques regroupées le long du croissant formé par l'océan Indien, qui s'étend de Singapour à l'Inde, à Dubaï et à certaines parties de l'Afrique de l'Est, abritent la moitié des banques les plus performantes du monde. Dans d'autres zones géographiques, de nombreuses banques, portées par les performances récentes, sont en mesure d'investir à nouveau. Mais en Europe et aux États-Unis, ainsi qu'en Chine et en Russie, les banques ont dans l'ensemble eu du mal à générer leur coût du capital", indique le rapport bancaire mondial.
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Quatre tendances mondiales
Si l'on se tourne vers l'avenir, les institutions financières pourraient être façonnées par quatre tendances mondiales. Premièrement, l'environnement macroéconomique s'est considérablement modifié. Les taux d'intérêt et les chiffres de l'inflation sont plus élevés dans de nombreuses régions du monde ; la décélération de la croissance économique chinoise est possible. Deuxièmement, les progrès technologiques continuent de s'accélérer et les clients sont de plus en plus à l'aise avec les expériences technologiques et de plus en plus exigeants à leur égard. L'IA générative, en particulier, jouera un rôle plus important, note le rapport, en augmentant la productivité de 3 à 5% et en permettant une réduction des dépenses d'exploitation de 200 à 300 milliards d'USD. Troisièmement, les gouvernements élargissent et approfondissent la surveillance réglementaire des institutions et intermédiaires financiers non traditionnels à mesure que le système macroéconomique est soumis à des tensions et que de nouvelles technologies, de nouveaux acteurs et de nouveaux risques apparaissent. Quatrièmement, le risque systémique change de nature à mesure que les tensions géopolitiques croissantes augmentent la volatilité et stimulent les restrictions sur le commerce et l'investissement dans l'économie réelle.
Cinq priorités pour l'avenir
Le Global Annual Banking Review 2023 de McKinsey propose cinq priorités aux institutions financières qui cherchent à se réinventer et à se préparer à l'avenir.
- Exploiter la technologie et l'IA pour améliorer la productivité, la gestion des talents et la fourniture de produits et de services. Cela inclut l'application de l'IA et de l'analyse avancée pour déployer l'automatisation des processus, les plateformes et les écosystèmes. Le développement et le déploiement de technologies distinctives deviendront de plus en plus un facteur de différenciation essentiel pour les banques.
- Assouplir (et même dégrouper) le bilan. L'assouplissement implique un recours actif à la syndication, à des modèles d'émission-distribution, à des bilans de tiers (par exemple, dans le cadre d'applications de banque en tant que service), ainsi qu'une attention renouvelée aux dépôts.
- Développer ses activités ou se retirer d'une transaction. La taille d'un marché ou d'un produit est une clé du succès, mais elle peut revêtir plusieurs aspects. Les institutions peuvent trouver une niche dans laquelle s'enfoncer ou chercher à couvrir l'ensemble d'un marché.
- Niveler la distribution pour vendre aux clients et les conseiller directement et indirectement, notamment par le biais de la finance intégrée et des places de marché et en offrant des conseils numériques et fondés sur l'IA.
- S'adapter à l'évolution des risques. Partout, les institutions financières devront rester attentives à l'évolution constante de l'environnement des risques. Dans le contexte macroéconomique, cela inclut l'inflation, des perspectives de croissance peu claires et des défis potentiels en matière de crédit dans des secteurs spécifiques tels que l'exposition à l'immobilier commercial. D'autres risques sont associés à l'évolution des exigences réglementaires, au risque cybernétique et de fraude et à l'intégration de l'analyse avancée et de l'IA dans le système bancaire.
